jeudi 25 septembre 2025

ŒUF-ORIE A MILAN MARTENS COQUE EN STOCK

Glenn Martens n’a pas pondu une idée banale. Pour présenter la collection printemps 2026 de Diesel à Milan, il a choisi une scénographie à la fois transparente et déconcertante : des mannequins enfermés dans des coques ovoïdes, comme des poussins fashion en attente d’éclosion. Mais ça, ce n’était que l’entrée de l’omelette.

Car, plus tard dans la journée, Martens a brisé la coquille et libéré le vrai spectacle : une gigantesque chasse aux œufs dans tout Milan. Des looks de Diesel nichés un peu partout, des jardins aux théâtres, des piazzas aux salles de bingo. Résultat : près de 5 000 modeux prêts à battre la campagne « en blancs en neige » pour retrouver les 34 œufs dispersés en ville.

Un jeu grandeur nature de trois heures et demie, où la mode devenait sport de haut vol, et où les poules ont couru comme des fashionistas affolées. Certains ont même trouvé l’expérience « œuf-topique », d’autres y ont vu une stratégie de communication œuf-ficace. Quoi qu’il en soit, Glenn Martens a prouvé qu’en matière d’événement, il sait toujours mettre les petits plats dans les grands… et les petits œufs dans la ville.

FM

vendredi 12 septembre 2025

LA FRONTANEL OU L’ILLUSION D’UN PRINTEMPS EN TOC

On nous vend l’idée que « La Frontanel », icône fatiguée qu’on exhume comme une relique sortie du grenier, et qui viendrait sauver le « Printemps » de la mode. Quelle imposture ! Ce serait risible si ce n’était pas si pathétique. Car enfin, depuis quand une silhouette jaunie par le temps, propulsée en oratrice d’une génération qui ne l’écoute même pas, suffirait-elle à redresser un secteur en naufrage ? Une égérie, dont la plume est plus lourde qu’une enclume pour une opération de communication grossière, est finalement une fable dans laquelle on confond mémoire et pertinence.

Le réalisme économique ? Aux abonnés absents. Le marché s’effondre, les consommateurs changent, la planète hurle, mais les gens du « retail » s’entêtent à nous présenter comme solution la statue d’une anonyme qui n’a jamais été une gloire. C’est comme ces bons Samaritains du Châtelet, ils se raccrochent à ces vestiges comme un noyé à sa bouée crevée, persuadés que la nostalgie suffira à masquer leur vide créatif et leur incapacité à se réinventer.

mercredi 10 septembre 2025

L’US OPEN TRANSFORMÉ EN DECHARGE A BIMBOS BOTOXÉES

L’US Open ! Ce tournoi, censé être l’apogée du sport, l’incarnation du mérite, de la sueur, de l’abnégation, de ces heures de solitude sur le court et d’entraînements, de cette discipline impitoyable qui fait d’un athlète un champion. Et que nous vend-on à longueur de colonnes glacées et de posts Instagram sponsorisés ? Certainement pas l’exploit sportif, mais le défilé pathétique d’une « cour de mirages » : vedettes botoxées, bimbos de supermarché, clones siliconés et influenceurs interchangeables dont la seule contribution à l’humanité est un sourire de plastique et un code promo sur une paire de baskets fabriquée à la chaîne par des enfants.

Le contraste est obscène. D’un côté, des joueurs qui transforment leur corps en instrument de précision, qui paient chaque victoire au prix du sang et des larmes. De l’autre, une galerie de figurants désœuvrés, sans pensée, sans valeur, qui font de leur nombril une idole de la chirurgie esthétique, leur seule ascèse. Le sport est détourné de son essence pour devenir le décor d’une publicité ambulante pour le vide, un podium offert à ces nouveaux aristocrates du néant. Ils ne produisent rien, ne créent rien, n’inspirent rien, sinon une fatigue abyssale face à l’avilissement du spectacle sportif.

jeudi 4 septembre 2025

LVMH THE PRICE CAVIAR CRUMBS FOR HUNGRY BIRDS

The LVMH Prize for Young Designers, supposedly the embodiment of fashion’s future, has it not become just another showcase for the gigantism of an empire obsessed with admiring itself in its own mirrors? Yes, it celebrates “emerging talent,” but through carefully staged ceremonies, parachuted celebrity ambassadors, and a self-congratulatory luxury industry handing out neatly packaged checks like tossing a few crumbs of caviar to hungry birds.

Soshiotsuki, awarded by the Fondation Louis Vuitton, becomes the new flag-bearer of this liturgy of “controlled innovation.” We hear of coaching by LVMH experts but what kind of coaching? The kind that molds designers into miniature Arnault maisons, primed to manufacture profitable dreams?

The group will provide the knowledge: “Sustainability, communication, copyright law” a ready-to-wear kit for the fashion entrepreneur, wrapped in corporate morality. As for the jury, it is nothing more than a pantheon of Bernard Arnault’s loyal lieutenants, while he himself hovers like an ex machina above this gilded fairground, somewhere between two Venetian screenings.

mercredi 3 septembre 2025

JEAN BARTHET THE ART OF SHAPING DREAMS IN HATS

He was from Béarn, yet his name will forever resonate along the avenues of Paris and on the world’s red carpets. Jean Barthet, a genius milliner, shaped hats the way others write poems: letting audacity and grace dance together on a single thread.

I remember those dinners in his apartment in the 16ᵗʰ arrondissement, after a day spent at the factory of his perfumes. The table would glow with laughter, raised glasses, and anecdotes in which the stars of cinema and couture seemed almost familiar. Barthet had that rare gift: turning the ordinary into a celebration, and everyday life into legend.

Grace Kelly, Brigitte Bardot, Sophia Loren, Lauren Bacall, Catherine Deneuve, Michael Jackson… all, at one time, were crowned by his imagination. His hats were not mere accessories: they were fragments of light, shards of dream, signatures of style.

Today, in Nay, at the Maison Carrée, his brilliance is being celebrated for the first time. The exhibition, designed by his son Alexandre, unfolds more than forty years of creation: hats, photographs, sketches, films, memories. A universe where glamour meets craftsmanship, where one understands that elegance is an architecture of the soul.

From the shadows of his workshop to the spotlights of the runways, Barthet crossed his era like a meteor, leaving behind a trail of silk, felt, and velvet. And if his name still surfaces in Annie Leibovitz’s eye or on the silhouette of a Lady Gaga, it is because some forms of genius never die: they endure in the memory of shapes and dreams.

lundi 1 septembre 2025

GLAMPING DISNEYLAND POUR BOBOS

Voici la misère dorée des riches qui veulent jouer aux pauvres, retour de la famille du seigneur des Arnault dans un immobilier plus soft ! Mais des toiles pour la fondation, pourquoi pas !

Autrefois, camper, c’était une punition, et seulement pour les ouvriers : monter sa tente sous la pluie, dormir sur des cailloux, cuire comme une sardine dans un duvet qui sentait la chaussette… Bref, un rite initiatique. Aujourd’hui, c’est devenu une activité de luxe pour urbains dépressifs en mal de “retour à la nature”… à condition que la nature serve le petit-déjeuner au lit.

Bienvenue dans l’ère du glamping « contraction du mot Glamour et Camping ». On vous vend de “l’authenticité”, mais à 600 balles la nuit, avec matelas king size et robinetterie italienne, du bois, oui, mais huilé aux antimoustiques et un feu de camp au bioéthanol avec le chant des oiseaux, réglé en Dolby Surround.

Le glamping, ce n’est pas la nature, c’est un décor de théâtre écolo-compatible, pour une yourte avec climatisation, une cabane avec jacuzzi, une bulle transparente où l’on respire “l’air pur”… filtré par Dyson. On appelle ça “se reconnecter à l’essentiel” : mais l’essentiel, apparemment, c’est une prise USB ou Wifi avec une bouteille de Ruinart bien fraîche. En fait, le glamping, c’est Disneyland pour bobos, car on vous fabrique une nature en kit, bien propre, sans boue, sans bestiole, sans imprévu, mais surtout : sans pauvre.

vendredi 13 juin 2025

ZEGNA FASHION CLUB SANDWICH


Zegna, l’art de l’oignon chic et très chaud, mais grâce à Alessandro, vous serez en sueur avec style à Dubaï. Sartori, directeur artistique de la maison, a eu une révélation vestimentaire ; superposer les vêtements. Oui, et même quand il fait 42 degrés à l’ombre, car la garde-robe, c’est comme une boîte de chocolats. Concept révolutionnaire, de mélanger ses vieux vêtements avec les nouveaux, ce qui permet de garder ses fringues préférées, de les assembler avec des pièces fraîchement achetées, et ainsi sauver la planète. Un hommage fashion à Marie Kondo qui aurait oublié de jeter les trucs qui ne « spark joy » qu’à moitié.

jeudi 12 juin 2025

LA MODE SE CONJUGUE AU MASCULIN

C’est un aveuglement stratégique dans la séance des chaises musicales qui se terminent presque systématiquement avec des hommes à tous les postes clés de la mode et du luxe. À une époque où le secteur a un besoin criant de renouveau et d’innovation, il continue pourtant de recycler les mêmes profils, comme si la créativité se limitait à un petit cercle masculin bien établi de certains lobbys. Ce choix n’est pas seulement révélateur d’un problème de représentation, c’est une erreur de jugement majeur.

Comment ces marques peuvent-elles prétendre comprendre une clientèle essentiellement féminine, tout en confiant systématiquement les rênes créatives à des hommes ? Ce décalage flagrant n’est pas anecdotique, il trahit une incapacité structurelle à lire l’époque et à comprendre les attentes du marché.

Les grandes maisons viennent de boucler un remaniement de leurs directions artistiques, Jonathan Anderson s’empare de l’ensemble des lignes de Christian Dior Couture pour un concentré de pouvoir entre les mains d’un seul homme. Pendant ce temps, la représentation féminine, au plus haut niveau des instances créatives, s’effondre, sans que cela semble inquiéter ceux qui définissent la stratégie.

mardi 10 juin 2025

LUXE OU COMMENT DUPER AVEC PANACHE

Bienvenue dans l’âge d’or de la « culture de la dupe ». Le mot « dupe » en français signifie « personne trompée, abusée ou supercherie ». Cependant, son utilisation dans le contexte des produits de consommation vient directement de l’anglais « to dupe » qui signifie tromper, duper, ou faire une copie (Un faux, sans l’intention de tromper sur l’authenticité de la marque, mais plutôt sur l’apparence). Alors que l’industrie de la beauté se perd en débats éthiques sur les bienfaits ou méfaits des imitations, le consommateur, lui, a tranché : pourquoi payer 90€ pour une crème quand son sosie à 9,90€ fait tout aussi bien illusion ?

Pendant ce temps, dans les tours d’ivoire du luxe, on s’indigne : « Mais enfin, copier notre sérum révolutionnaire à base d’extrait rare de feuilles qui ne poussent qu’un mardi sur deux ? Quelle audace ! » Et pourtant, à y regarder de plus près, le consommateur n’est pas dupe. Il sait qu’un packaging doré ne garantit pas l’élixir de jouvence, mais seulement un trou dans le portefeuille.

Post-COVID, alors que le monde entier découvrait que l’on pouvait survivre sans fond de teint à 70 euros, les dupes sont devenues les nouveaux héros du quotidien. Selon une enquête, 43 % des consommatrices ont déjà succombé au charme d’une dupe, et 34 % comptent bien le faire. Traduction : près de 8 femmes sur 10 ont compris qu’elles n’avaient pas besoin de vendre un rein pour se sentir belles.

lundi 9 juin 2025

JACQUEMUS LA FORME DU VIDE

Jacquemus, dont un avenir incertain se dessine par un croquis maladroit d’un flacon de parfum à côté de quelques silhouettes griffonnées par d’autres. Bref, l’ébauche d’une collection à venir ou d’un adieu déguisé ? Ce n’est encore qu’un projet en gestation, cela suppute une fuite en avant, comme le succès à la Sagamore de Lancôme, le plus gros flop de L’Oréal et de l’industrie du parfum.

Sur des murs trop blancs, deux moodboards tentent de donner corps à une inspiration en perte de moufle, pardon de souffle. Une toile de Séraphine de Senlis y trône comme le dernier refuge artistique pour un coup de cœur d’un président autoproclamé qui marche sur un empire au vernis fragile. Espérons qu’il ne finira pas comme l’artiste de sa peinture, qui meurt de faim dans un hôpital psychiatrique.

À 35 ans, ce jeune papa de jumeaux, parle peu de ce parfum conçu avec L’Oréal, mais surtout par L’Oréal, son nouvel actionnaire depuis février. Un parfum comme une bouée de sauvetage quand une maison prend l’eau. Déjà, Pierre Bergé avait vendu son parfum Yves St Laurent, mais lui au moins pouvait vivre de la Haute couture de son compagnon.

vendredi 23 mai 2025

AVIGNON ET VUITTON CAPITALE PONTIFÉCALE


Avignon, jadis ville sainte, havre de prière et de capes à capuche bénite, s’ouvre ce soir comme une pochette satinée dans un frisson de soie et de strass. Les cloches de Notre-Dame-des-Doms ne sonnent plus, elles vibrent, le bling-bling… Un parfum de cuir au pouvoir feutré de domination molletonnée flotte sur le pont, comme le Saint-Esprit, mais en édition limitée à 15 000 € en autruche caramel.

Le ciel s’ouvre façon verrière Vuitton de la Samar et là, miracle inversé : un pape de la couture est appelé à régner. « Araignée, araignée ! » me souffle une bimbo en lycra fluo à mes côtés. » Pourquoi pas papillon ou libellule ?

jeudi 22 mai 2025

LA CHAMBRE DES PARFUMS OUBLIÉS

En 1907, au cœur de la région de Grasse, berceau mondial du parfum, un parfumeur énigmatique du nom d’Anselme de Rouvilliers vécut une existence discrète, mais exquise. Issu d'une vieille famille aristocratique ruinée, il possédait un talent unique : il pouvait identifier plus de 3 000 senteurs à l’aveugle.

Avec les derniers deniers de son héritage, il fit construire une minuscule annexe cachée dans la colline derrière sa propriété. Ce lieu, qu’il appelait la Chambre des Parfums, était orné de boiseries anciennes, de vitraux aux couleurs chaudes, et de centaines de fioles en cristal de Bohême. Ce n’était pas une boutique, ni même un laboratoire. C’était un sanctuaire olfactif, conçu non pas pour vendre, mais pour conserver l’âme du luxe. Chaque parfum, qu’il créait, n’avait qu’un seul flacon, jamais reproduit. Il appelait cela le luxe absolu : l’irremplaçable

Il n’y avait aucun client. Il ne cherchait ni fortune ni renommée. Chaque flacon était dédié à un souvenir, un rêve, une personne disparue. Un parfum à base de poussière d’orchidée noire pour sa sœur morte jeune. Une fragrance à la neige et au cuir pour un amour russe perdu. Un autre, presque transparent, capturait l’odeur d’un vieux livre ouvert au soleil. Quand il mourut en 1934, la Chambre des Parfums fut scellée, sur sa volonté. On la crut perdue pendant presque un siècle.

mercredi 21 mai 2025

CANNES FILM FESTIVAL

Temple du glamour d’hier, le Festival de Cannes est aujourd’hui devenu une vaste vitrine publicitaire où le strass tente de faire oublier l’absence de classe. Exit Liz Taylor et ses regards mystérieux derrière des lunettes noires. Bienvenue aux bimbos clonées, pom-pom girls du calvados dont certains réalisateurs vénèrent le trou normand de leur région. Perchées sur 14 centimètres de chirurgie esthétique, ces influenceuses actrices, en quête de « likes » plus que de lumière, font fuir même les palmiers qui courent se noyer vers la mer.

Le tapis rouge a le même éclat que celui d’un hall de supermarché un jour de promo, où sur son estrade Maria-Louisa P fait son show pour des aspirateurs à diamants. On y défile comme on scrolle : vite, trop vite, là où jadis, les stars s’y attardaient, jouaient de l’éventail et du mystère. Parfois, même, un sein s’échappait par mégarde d’une robe pour notre plus grand plaisir. Aujourd’hui, ça clignote, ça beugle, ça sponsorise, et chaque photographe ressemble à des gilets jaunes manifestant.

Vous me direz : et les films dans tout ça ? Ah oui, il y en a encore, paraît-il. Ils sont planqués quelque part derrière une façade en carton-plâtre où trône un panneau publicitaire de 30 mètres vantant les vertus d’un soda “glamourisé par l’audace”.

mardi 20 mai 2025

BALENCIAGA FUSION OF STYLE


Le très respectable Pierpaolo Piccioli, qui pendant vingt-cinq ans, a été la figure emblématique de Valentino où il a partagé le poste de directeur artistique avec Maria Grazia Chiuri, de 2008 à 2016, connu pour avoir fait pleurer les podiums avec ses robes romantiques, débarque chez Balenciaga. (l’homme, qui à mon avis, aurait dû être pris par le seigneur chez Dior). Retour sur une erreur historique de la mode, et d’un artiste qui va devoir affronter la mode de Demna et ses baskets taille gondole sur sweat à capuche XXL façon parachute dépressif et trench post-apocalyptique, un défi qu’il pourra aisément remporter.

Il prendra ses fonctions le 10 juillet, le temps de dire adieu aux broderies poétiques et de se préparer psychologiquement à remplacer le tulle éthéré par du néoprène noir délavé. Sa première collection sera dévoilée en octobre à la Fashion Week de Paris, où l’on espère qu’au moins un mannequin ne sera pas habillé comme un survivant de Mad Max.


Il succède au très conceptuel Demna, génie ou usurpateur selon le degré de sarcasme de votre pourfendeur préféré. Pendant dix ans, Demna a élevé le sweat à capuche au rang d’objet d’art et le sac-poubelle à celui de sac à main à 1 800 euros. Grâce à lui, nous avons vu des gens payer pour des vêtements qui semblent avoir été ramassés après une explosion dans un entrepôt.

Kering, maison mère de Balenciaga (et apparemment grand amateur de chaises musicales créatives), a décidé en mars dernier que Demna irait maintenant jouer les sauveurs chez Gucci, autre bastion du bon goût en matière de réanimation stylistique. Une sorte de transfert intergalactique : de la dystopie post-soviétique au maximalisme baroque en burnout.

lundi 19 mai 2025

LE COURRIER DES LECTEURS

Monsieur,

La colère d’un apostat sectaire a quelque chose de réconfortant, et les quelques lignes, que vous avez consacrées à la couture d’un de mes amis, prouvent que vous n’y connaissez rien et que vous ne méritez pas la moindre attention.

D.A

Réponse du courrier des lecteurs

Cher Monsieur,

Voici donc un lecteur mal embouché et braillard, entre le chien de garde en rute et le philosophe de comptoir. Vous n’avez certainement pas inventé le « gueuloir à bourgeois » cette machine à éructer des indignations aussi profondes qu’un urinoir.

Ruminants d’opinions, mâchant la fadeur d’idées prémâchées, avec le regard de ces bovins placides qui semblent méditer à l’infini… du néant. Votre phrase est un chef-d’œuvre d’approximation, rivalisant de finesse avec les confessions d’une starlette sous anxiolytiques.

On sent chez vous l’énergie frénétique de celui qui ramasse les restes des lions pour survivre. Sorte d’Icare en carton plumé pour voler afin de mieux s’écraser, non pas dans la mer, mais sur le tapis du salon, entre deux charentaises et un soupir.

Cordialement,

FM

vendredi 16 mai 2025

LES NOMS DU SILENCE

Ils sont restés les yeux ouverts dans la nuit pleine, ils sont restés avec le vent, les poings sérrés et la cendre sur la bouche, ceux qui n’ont pas de nom, sinon dans les cris, ceux qui n’ont pas d’abri, sinon la pluie. Ils regardent partir les bateaux d’or vers les îles muettes, où la mer obéit, où le sable est propre, et la conscience lavée des armes de destruction massive. Ils n’ont rien, et pourtant ils sont tout, car ils tiennent le monde comme une pierre dans leurs paumes, une douleur que l’on cache.

Ils parlent peu et leur silence est plus vaste que les discours, plus dur que les murs, plus vrai que les serments. Ils vivent au bord du jour, et chaque nuit, ils allument des flammes minuscules dans le froid du mépris, dans l’absence de dieu. 

Et moi, je les regarde, je les aime, je les nomme pour qu’on ne les oublie pas. Ce sont les frères du feu, les sœurs de la poussière, et c’est pour eux que j’écris encore avec l’espoir. Pour vous tous, qui êtes sous les bombes de quelques humains artificiels.

FM

jeudi 15 mai 2025

GUCCI DANS LES CATACOMBES DU STYLE

C’est là où le cuir dort sur des étagères, et où les anciens sacs palabre avec les mocassins de l’histoire de la marque. C’est dans une rue ornée de pavées du roi évidemment, car le bitume est trop vulgaire pour le mysticisme fashion. Une image mystérieuse devant une lourde porte cochère en bois, qui s’ouvre comme dans un suspense d’Alfred Hitchcock, voici le concept store à la bougie bordant les catacombes dorées du Palazzo Settimanni, mausolée chic du patrimoine Gucci.

Sanctuaire hype sous Tom Ford et lieu d’exposition de l’époque où une ceinture pouvait faire rougir une nonne. Le lieu avait été ressuscité par Alessandro Michele, ce druide bohème aux cheveux longs et aux bagues multiples. Il disait vouloir “rapporter les objets à la maison”. Depuis qu’il a quitté la barque en 2022 victime d’un excès de brocart, le flambeau est passé à Sabato De Sarno comme une étoile filante. Puis récemment à Demna, l’homme qui a transformé le jogging en manifeste philosophique..

mercredi 14 mai 2025

AUTOPSIE D’UN SEIGNEUR DU LUXE

Vous ne pouvez maîtriser l’œuvre du seigneur des Arnault en ne regardant seulement que deux catégories de son groupe : la mode et luxe. Son œuvre dépasse le simple cadre entrepreneurial et touche à la mémoire collective, à la stratégie économique, ainsi qu’au mécénat culturel. Il y a, chez lui, une construction personnelle qui relève du manifeste (comme dans sa façon de bâtir LVMH). Avec un récit quasi-romanesque de son ascension qui, à contre-courant, a pris des décisions qui n’ont parfois plus rien à voir avec l’esthétique, mais avec la vision, le risque calculé et l’instinct, comme on le voit dans ses acquisitions parfois controversées.

Dans ses grandes manœuvres industrielles comme dans le rachat de maisons emblématiques ou la défense du patrimoine français, je perçois d’abord une forme de reportage haletant sur les excès du capitalisme ou les tensions de la mondialisation. Mais, vu de l’intérieur, sous la conduite d’un stratège au regard d’acier, il est profondément documenté sur les enjeux culturels, géopolitiques et économiques.

Arnault n’est pas dans la parade, il est dans l’obsession et a le sens du détail, de la transmission. Il se met de temps en temps en scène, volontairement ou non, dans les coulisses du pouvoir économique, et finit toujours par affirmer un principe : la création et le luxe sont trop sérieux pour être abandonnés aux autres.

mardi 13 mai 2025

L’ÉLÉGANCE DE LA FRACTURE

J’ai toujours été vu comme quelqu’un de différent, pas étrange, ni marginal au sens classique du terme, simplement trop vrai, peut-être, en tout cas trop direct. Incapable de travestir mes pensées en sourires polis ou en silences complices, j’offrais mes vérités comme on tend un miroir, et certains n’aiment pas leur propre reflet. Alors, doucement, sans cri ni drame, j’ai été mis de côté. Écarté des cercles où l’on danse sur des non-dits, ignoré dans les foules sur lesquelles les mots pèsent moins que les masques.

Hors-jeu non brutal, car la société est plus subtile que cela, c’était un effacement lent, un recul des regards, une invitation qui ne vient plus. On me tolère, mais de loin, on m’écoute, mais sans m’entendre, on me classe dans cette catégorie floue très française : “pas comme les autres”.

Cela aurait pu me blesser et cela l’a, parfois, été, mais pas au point de me briser, car chaque matin, il y a ce rendez-vous intime, sincère, avec moi-même. Ce moment devant la glace dans laquelle je me regarde sans détour, sans honte, et je m’y plais. Pas dans une illusion de perfection, mais dans la fierté calme d’avoir été fidèle à qui je suis.

lundi 12 mai 2025

MARLY UN PONEY NAIN ROYALISSIME

Le simple nom évoque immédiatement des images de Louis XIV en perruque poudrée, s’extasiant devant des fontaines à parfums tandis que son lévrier italien, Narcisse, trottine dans les salons saturés de jasmin, d’ambre gris et de snobisme triomphant.

Les parfums Marly sont l’incarnation même du carambouillage moderne déguisé en luxe. Derrière des flacons clinquants, vendus à plus de 270 euros l’unité, pour un produit sorti d’usine à 10 euros tout compris (matières premières, flaconnage, pistolage et emballage, conditionnement inclus). Tout est artificiel : la soi-disant inspiration tirée de la cour de Louis XIV pour une fable grossièrement cousue à la Seigneur des Arnault. Ici, on vend du rêve à ceux qui veulent y croire. Pas une goutte d’authenticité, uniquement du storytelling savamment huilé pour gonfler des marges indécentes et flatter un ego en mal de prestige. Chez Marly, on n’achète pas un parfum : on achète un mensonge soigneusement parfumé à l’illusion.

Parce que oui, Cher(e)s ami(e)s, sans le mauvais goût et le portefeuille élastique, que serait aujourd’hui l’élégance sans un petit flacon hors de prix, inspiré par des chevaux aux crinières plus soyeuses que celles des versaillaises moitié bimbos moitié crétines ? Non, vraiment, il faut saluer l’idée de créer des parfums pour bidochon frisé et teckel taché de « boue de la forêt de Marly » sentant la bouse de vache.