vendredi 13 juin 2025

ZEGNA FASHION CLUB SANDWICH


Zegna, l’art de l’oignon chic et très chaud, mais grâce à Alessandro, vous serez en sueur avec style à Dubaï. Sartori, directeur artistique de la maison, a eu une révélation vestimentaire ; superposer les vêtements. Oui, et même quand il fait 42 degrés à l’ombre, car la garde-robe, c’est comme une boîte de chocolats. Concept révolutionnaire, de mélanger ses vieux vêtements avec les nouveaux, ce qui permet de garder ses fringues préférées, de les assembler avec des pièces fraîchement achetées, et ainsi sauver la planète. Un hommage fashion à Marie Kondo qui aurait oublié de jeter les trucs qui ne « spark joy » qu’à moitié.

jeudi 12 juin 2025

LA MODE SE CONJUGUE AU MASCULIN

C’est un aveuglement stratégique dans la séance des chaises musicales qui se terminent presque systématiquement avec des hommes à tous les postes clés de la mode et du luxe. À une époque où le secteur a un besoin criant de renouveau et d’innovation, il continue pourtant de recycler les mêmes profils, comme si la créativité se limitait à un petit cercle masculin bien établi de certains lobbys. Ce choix n’est pas seulement révélateur d’un problème de représentation, c’est une erreur de jugement majeur.

Comment ces marques peuvent-elles prétendre comprendre une clientèle essentiellement féminine, tout en confiant systématiquement les rênes créatives à des hommes ? Ce décalage flagrant n’est pas anecdotique, il trahit une incapacité structurelle à lire l’époque et à comprendre les attentes du marché.

Les grandes maisons viennent de boucler un remaniement de leurs directions artistiques, Jonathan Anderson s’empare de l’ensemble des lignes de Christian Dior Couture pour un concentré de pouvoir entre les mains d’un seul homme. Pendant ce temps, la représentation féminine, au plus haut niveau des instances créatives, s’effondre, sans que cela semble inquiéter ceux qui définissent la stratégie.

mardi 10 juin 2025

LUXE OU COMMENT DUPER AVEC PANACHE

Bienvenue dans l’âge d’or de la « culture de la dupe ». Le mot « dupe » en français signifie « personne trompée, abusée ou supercherie ». Cependant, son utilisation dans le contexte des produits de consommation vient directement de l’anglais « to dupe » qui signifie tromper, duper, ou faire une copie (Un faux, sans l’intention de tromper sur l’authenticité de la marque, mais plutôt sur l’apparence). Alors que l’industrie de la beauté se perd en débats éthiques sur les bienfaits ou méfaits des imitations, le consommateur, lui, a tranché : pourquoi payer 90€ pour une crème quand son sosie à 9,90€ fait tout aussi bien illusion ?

Pendant ce temps, dans les tours d’ivoire du luxe, on s’indigne : « Mais enfin, copier notre sérum révolutionnaire à base d’extrait rare de feuilles qui ne poussent qu’un mardi sur deux ? Quelle audace ! » Et pourtant, à y regarder de plus près, le consommateur n’est pas dupe. Il sait qu’un packaging doré ne garantit pas l’élixir de jouvence, mais seulement un trou dans le portefeuille.

Post-COVID, alors que le monde entier découvrait que l’on pouvait survivre sans fond de teint à 70 euros, les dupes sont devenues les nouveaux héros du quotidien. Selon une enquête, 43 % des consommatrices ont déjà succombé au charme d’une dupe, et 34 % comptent bien le faire. Traduction : près de 8 femmes sur 10 ont compris qu’elles n’avaient pas besoin de vendre un rein pour se sentir belles.

lundi 9 juin 2025

JACQUEMUS LA FORME DU VIDE

Jacquemus, dont un avenir incertain se dessine par un croquis maladroit d’un flacon de parfum à côté de quelques silhouettes griffonnées par d’autres. Bref, l’ébauche d’une collection à venir ou d’un adieu déguisé ? Ce n’est encore qu’un projet en gestation, cela suppute une fuite en avant, comme le succès à la Sagamore de Lancôme, le plus gros flop de L’Oréal et de l’industrie du parfum.

Sur des murs trop blancs, deux moodboards tentent de donner corps à une inspiration en perte de moufle, pardon de souffle. Une toile de Séraphine de Senlis y trône comme le dernier refuge artistique pour un coup de cœur d’un président autoproclamé qui marche sur un empire au vernis fragile. Espérons qu’il ne finira pas comme l’artiste de sa peinture, qui meurt de faim dans un hôpital psychiatrique.

À 35 ans, ce jeune papa de jumeaux, parle peu de ce parfum conçu avec L’Oréal, mais surtout par L’Oréal, son nouvel actionnaire depuis février. Un parfum comme une bouée de sauvetage quand une maison prend l’eau. Déjà, Pierre Bergé avait vendu son parfum Yves St Laurent, mais lui au moins pouvait vivre de la Haute couture de son compagnon.

vendredi 23 mai 2025

AVIGNON ET VUITTON CAPITALE PONTIFÉCALE


Avignon, jadis ville sainte, havre de prière et de capes à capuche bénite, s’ouvre ce soir comme une pochette satinée dans un frisson de soie et de strass. Les cloches de Notre-Dame-des-Doms ne sonnent plus, elles vibrent, le bling-bling… Un parfum de cuir au pouvoir feutré de domination molletonnée flotte sur le pont, comme le Saint-Esprit, mais en édition limitée à 15 000 € en autruche caramel.

Le ciel s’ouvre façon verrière Vuitton de la Samar et là, miracle inversé : un pape de la couture est appelé à régner. « Araignée, araignée ! » me souffle une bimbo en lycra fluo à mes côtés. » Pourquoi pas papillon ou libellule ?

jeudi 22 mai 2025

LA CHAMBRE DES PARFUMS OUBLIÉS

En 1907, au cœur de la région de Grasse, berceau mondial du parfum, un parfumeur énigmatique du nom d’Anselme de Rouvilliers vécut une existence discrète, mais exquise. Issu d'une vieille famille aristocratique ruinée, il possédait un talent unique : il pouvait identifier plus de 3 000 senteurs à l’aveugle.

Avec les derniers deniers de son héritage, il fit construire une minuscule annexe cachée dans la colline derrière sa propriété. Ce lieu, qu’il appelait la Chambre des Parfums, était orné de boiseries anciennes, de vitraux aux couleurs chaudes, et de centaines de fioles en cristal de Bohême. Ce n’était pas une boutique, ni même un laboratoire. C’était un sanctuaire olfactif, conçu non pas pour vendre, mais pour conserver l’âme du luxe. Chaque parfum, qu’il créait, n’avait qu’un seul flacon, jamais reproduit. Il appelait cela le luxe absolu : l’irremplaçable

Il n’y avait aucun client. Il ne cherchait ni fortune ni renommée. Chaque flacon était dédié à un souvenir, un rêve, une personne disparue. Un parfum à base de poussière d’orchidée noire pour sa sœur morte jeune. Une fragrance à la neige et au cuir pour un amour russe perdu. Un autre, presque transparent, capturait l’odeur d’un vieux livre ouvert au soleil. Quand il mourut en 1934, la Chambre des Parfums fut scellée, sur sa volonté. On la crut perdue pendant presque un siècle.

mercredi 21 mai 2025

CANNES FILM FESTIVAL

Temple du glamour d’hier, le Festival de Cannes est aujourd’hui devenu une vaste vitrine publicitaire où le strass tente de faire oublier l’absence de classe. Exit Liz Taylor et ses regards mystérieux derrière des lunettes noires. Bienvenue aux bimbos clonées, pom-pom girls du calvados dont certains réalisateurs vénèrent le trou normand de leur région. Perchées sur 14 centimètres de chirurgie esthétique, ces influenceuses actrices, en quête de « likes » plus que de lumière, font fuir même les palmiers qui courent se noyer vers la mer.

Le tapis rouge a le même éclat que celui d’un hall de supermarché un jour de promo, où sur son estrade Maria-Louisa P fait son show pour des aspirateurs à diamants. On y défile comme on scrolle : vite, trop vite, là où jadis, les stars s’y attardaient, jouaient de l’éventail et du mystère. Parfois, même, un sein s’échappait par mégarde d’une robe pour notre plus grand plaisir. Aujourd’hui, ça clignote, ça beugle, ça sponsorise, et chaque photographe ressemble à des gilets jaunes manifestant.

Vous me direz : et les films dans tout ça ? Ah oui, il y en a encore, paraît-il. Ils sont planqués quelque part derrière une façade en carton-plâtre où trône un panneau publicitaire de 30 mètres vantant les vertus d’un soda “glamourisé par l’audace”.

mardi 20 mai 2025

BALENCIAGA FUSION OF STYLE


Le très respectable Pierpaolo Piccioli, qui pendant vingt-cinq ans, a été la figure emblématique de Valentino où il a partagé le poste de directeur artistique avec Maria Grazia Chiuri, de 2008 à 2016, connu pour avoir fait pleurer les podiums avec ses robes romantiques, débarque chez Balenciaga. (l’homme, qui à mon avis, aurait dû être pris par le seigneur chez Dior). Retour sur une erreur historique de la mode, et d’un artiste qui va devoir affronter la mode de Demna et ses baskets taille gondole sur sweat à capuche XXL façon parachute dépressif et trench post-apocalyptique, un défi qu’il pourra aisément remporter.

Il prendra ses fonctions le 10 juillet, le temps de dire adieu aux broderies poétiques et de se préparer psychologiquement à remplacer le tulle éthéré par du néoprène noir délavé. Sa première collection sera dévoilée en octobre à la Fashion Week de Paris, où l’on espère qu’au moins un mannequin ne sera pas habillé comme un survivant de Mad Max.


Il succède au très conceptuel Demna, génie ou usurpateur selon le degré de sarcasme de votre pourfendeur préféré. Pendant dix ans, Demna a élevé le sweat à capuche au rang d’objet d’art et le sac-poubelle à celui de sac à main à 1 800 euros. Grâce à lui, nous avons vu des gens payer pour des vêtements qui semblent avoir été ramassés après une explosion dans un entrepôt.

Kering, maison mère de Balenciaga (et apparemment grand amateur de chaises musicales créatives), a décidé en mars dernier que Demna irait maintenant jouer les sauveurs chez Gucci, autre bastion du bon goût en matière de réanimation stylistique. Une sorte de transfert intergalactique : de la dystopie post-soviétique au maximalisme baroque en burnout.

lundi 19 mai 2025

LE COURRIER DES LECTEURS

Monsieur,

La colère d’un apostat sectaire a quelque chose de réconfortant, et les quelques lignes, que vous avez consacrées à la couture d’un de mes amis, prouvent que vous n’y connaissez rien et que vous ne méritez pas la moindre attention.

D.A

Réponse du courrier des lecteurs

Cher Monsieur,

Voici donc un lecteur mal embouché et braillard, entre le chien de garde en rute et le philosophe de comptoir. Vous n’avez certainement pas inventé le « gueuloir à bourgeois » cette machine à éructer des indignations aussi profondes qu’un urinoir.

Ruminants d’opinions, mâchant la fadeur d’idées prémâchées, avec le regard de ces bovins placides qui semblent méditer à l’infini… du néant. Votre phrase est un chef-d’œuvre d’approximation, rivalisant de finesse avec les confessions d’une starlette sous anxiolytiques.

On sent chez vous l’énergie frénétique de celui qui ramasse les restes des lions pour survivre. Sorte d’Icare en carton plumé pour voler afin de mieux s’écraser, non pas dans la mer, mais sur le tapis du salon, entre deux charentaises et un soupir.

Cordialement,

FM

vendredi 16 mai 2025

LES NOMS DU SILENCE

Ils sont restés les yeux ouverts dans la nuit pleine, ils sont restés avec le vent, les poings sérrés et la cendre sur la bouche, ceux qui n’ont pas de nom, sinon dans les cris, ceux qui n’ont pas d’abri, sinon la pluie. Ils regardent partir les bateaux d’or vers les îles muettes, où la mer obéit, où le sable est propre, et la conscience lavée des armes de destruction massive. Ils n’ont rien, et pourtant ils sont tout, car ils tiennent le monde comme une pierre dans leurs paumes, une douleur que l’on cache.

Ils parlent peu et leur silence est plus vaste que les discours, plus dur que les murs, plus vrai que les serments. Ils vivent au bord du jour, et chaque nuit, ils allument des flammes minuscules dans le froid du mépris, dans l’absence de dieu. 

Et moi, je les regarde, je les aime, je les nomme pour qu’on ne les oublie pas. Ce sont les frères du feu, les sœurs de la poussière, et c’est pour eux que j’écris encore avec l’espoir. Pour vous tous, qui êtes sous les bombes de quelques humains artificiels.

FM

jeudi 15 mai 2025

GUCCI DANS LES CATACOMBES DU STYLE

C’est là où le cuir dort sur des étagères, et où les anciens sacs palabre avec les mocassins de l’histoire de la marque. C’est dans une rue ornée de pavées du roi évidemment, car le bitume est trop vulgaire pour le mysticisme fashion. Une image mystérieuse devant une lourde porte cochère en bois, qui s’ouvre comme dans un suspense d’Alfred Hitchcock, voici le concept store à la bougie bordant les catacombes dorées du Palazzo Settimanni, mausolée chic du patrimoine Gucci.

Sanctuaire hype sous Tom Ford et lieu d’exposition de l’époque où une ceinture pouvait faire rougir une nonne. Le lieu avait été ressuscité par Alessandro Michele, ce druide bohème aux cheveux longs et aux bagues multiples. Il disait vouloir “rapporter les objets à la maison”. Depuis qu’il a quitté la barque en 2022 victime d’un excès de brocart, le flambeau est passé à Sabato De Sarno comme une étoile filante. Puis récemment à Demna, l’homme qui a transformé le jogging en manifeste philosophique..

mercredi 14 mai 2025

AUTOPSIE D’UN SEIGNEUR DU LUXE

Vous ne pouvez maîtriser l’œuvre du seigneur des Arnault en ne regardant seulement que deux catégories de son groupe : la mode et luxe. Son œuvre dépasse le simple cadre entrepreneurial et touche à la mémoire collective, à la stratégie économique, ainsi qu’au mécénat culturel. Il y a, chez lui, une construction personnelle qui relève du manifeste (comme dans sa façon de bâtir LVMH). Avec un récit quasi-romanesque de son ascension qui, à contre-courant, a pris des décisions qui n’ont parfois plus rien à voir avec l’esthétique, mais avec la vision, le risque calculé et l’instinct, comme on le voit dans ses acquisitions parfois controversées.

Dans ses grandes manœuvres industrielles comme dans le rachat de maisons emblématiques ou la défense du patrimoine français, je perçois d’abord une forme de reportage haletant sur les excès du capitalisme ou les tensions de la mondialisation. Mais, vu de l’intérieur, sous la conduite d’un stratège au regard d’acier, il est profondément documenté sur les enjeux culturels, géopolitiques et économiques.

Arnault n’est pas dans la parade, il est dans l’obsession et a le sens du détail, de la transmission. Il se met de temps en temps en scène, volontairement ou non, dans les coulisses du pouvoir économique, et finit toujours par affirmer un principe : la création et le luxe sont trop sérieux pour être abandonnés aux autres.

mardi 13 mai 2025

L’ÉLÉGANCE DE LA FRACTURE

J’ai toujours été vu comme quelqu’un de différent, pas étrange, ni marginal au sens classique du terme, simplement trop vrai, peut-être, en tout cas trop direct. Incapable de travestir mes pensées en sourires polis ou en silences complices, j’offrais mes vérités comme on tend un miroir, et certains n’aiment pas leur propre reflet. Alors, doucement, sans cri ni drame, j’ai été mis de côté. Écarté des cercles où l’on danse sur des non-dits, ignoré dans les foules sur lesquelles les mots pèsent moins que les masques.

Hors-jeu non brutal, car la société est plus subtile que cela, c’était un effacement lent, un recul des regards, une invitation qui ne vient plus. On me tolère, mais de loin, on m’écoute, mais sans m’entendre, on me classe dans cette catégorie floue très française : “pas comme les autres”.

Cela aurait pu me blesser et cela l’a, parfois, été, mais pas au point de me briser, car chaque matin, il y a ce rendez-vous intime, sincère, avec moi-même. Ce moment devant la glace dans laquelle je me regarde sans détour, sans honte, et je m’y plais. Pas dans une illusion de perfection, mais dans la fierté calme d’avoir été fidèle à qui je suis.

lundi 12 mai 2025

MARLY UN PONEY NAIN ROYALISSIME

Le simple nom évoque immédiatement des images de Louis XIV en perruque poudrée, s’extasiant devant des fontaines à parfums tandis que son lévrier italien, Narcisse, trottine dans les salons saturés de jasmin, d’ambre gris et de snobisme triomphant.

Les parfums Marly sont l’incarnation même du carambouillage moderne déguisé en luxe. Derrière des flacons clinquants, vendus à plus de 270 euros l’unité, pour un produit sorti d’usine à 10 euros tout compris (matières premières, flaconnage, pistolage et emballage, conditionnement inclus). Tout est artificiel : la soi-disant inspiration tirée de la cour de Louis XIV pour une fable grossièrement cousue à la Seigneur des Arnault. Ici, on vend du rêve à ceux qui veulent y croire. Pas une goutte d’authenticité, uniquement du storytelling savamment huilé pour gonfler des marges indécentes et flatter un ego en mal de prestige. Chez Marly, on n’achète pas un parfum : on achète un mensonge soigneusement parfumé à l’illusion.

Parce que oui, Cher(e)s ami(e)s, sans le mauvais goût et le portefeuille élastique, que serait aujourd’hui l’élégance sans un petit flacon hors de prix, inspiré par des chevaux aux crinières plus soyeuses que celles des versaillaises moitié bimbos moitié crétines ? Non, vraiment, il faut saluer l’idée de créer des parfums pour bidochon frisé et teckel taché de « boue de la forêt de Marly » sentant la bouse de vache.

mercredi 30 avril 2025

DIOR PHOTOSHOP ET PERLIMPINPIN

Charlize Theron, nouvelle égérie de la haute joaillerie Dior, un cocktail de diamants, de Photoshop et de poudre de perlimpinpin. Souvent, le mois de mai voit éclore bien des choses : les cerisiers, les allergies et Charlize Theron, 50 ans de fraîcheur calibrée, comme nouvelle incarnation de la haute joaillerie, Dior et de la chirurgie esthétique. Oui, vous avez bien lu, pour la toute première fois, la maison française a décidé qu’il était temps de coller un visage aussi lisse que retoucher sur ses bibelots à plusieurs zéros de la Castellane, et zéro est son chiffre de prédilection.

Qui d’autre que Charlize, star hollywoodienne recyclée en icône de luxe, pour vendre du rêve monté sur or rose et diamants taille marquise ? Sous l’œil pénétrant du photographe Mario Sorrenti, l’ex-reine des cascades post-apocalyptiques de Mad Max, se pavane dans des bijoux au nom si évocateur qu’on croirait lire un menu étoilé : Milly Dentelle Couture Fleurie, soit une broderie florale hors de prix qu’on dirait piquée dans le coffre à nappe de mamie.

Point d’orgue du collier : un diamant jaune de huit carats, dit Fancy Vivid, probablement assez voyant pour éblouir un jet privé à l’atterrissage, et attiser les papies cambrioleurs. Dans les coulisses, on murmure même que « Kim Kardashiante » en fait une crise d’urticaire.

mardi 29 avril 2025

LE CAFÉ AMÉRICANO

Le Café Américano : Quand l’Espresso devient grand et fier (mais moins bon). Il était une fois, pendant la Seconde Guerre mondiale, de jeunes soldats américains débarqués en Italie. Leur premier choc culturel n’était pas les moustaches des carabiniers, ni même les pantalons trop serrés des Italiens, le choc fut l’Espresso.

Trop fort, trop petit, trop… européen. Alors, que font-ils ? Ils prennent ce concentré de culture et de goût, et bam, ils le diluent à l’eau chaude. C’est de là que naît le café américano : un espresso plus grand, moins intense, mais qui se tient droit, fier de ses racines, un peu comme un discours à la Trump Tower.

Make Coffee Great Again, le café américano, c’est un peu comme la politique du nouveau président :

Il part d’une base solide (l’espresso),

Il est dilué, mais en grande quantité (comme certaines promesses électorales),

Il se vend comme étant plus accessible au peuple, même si les puristes grimacent. Et surtout, comme un bon tweet matinal de Elon ou Vance, il est chaud, long, et parfois amer.

lundi 28 avril 2025

L’OMBRE D’OR UN PARFUM OUBLIÉ

Dans les salons feutrés du Ritz de Paris, où les lustres en cristal murmurent, un mystère entoure l’un des plus grands trésors du luxe : Un parfum disparu depuis près d’un siècle, créé en 1923 par un nez anonyme pour une princesse Russe en exil. À l’époque, on disait de lui qu’il avait capturé l’essence même du raffinement.

Il combinait des notes de jasmin de Grasse, de santal rare d’Inde et d’ambre gris puisée au large de Madagascar. Mais ce qui le rendait unique, c’était cet ingrédient secret, inconnu de tous, qui le rendait envoûtant au point d’être presque légendaire.

Un soir de gala, alors que l’élite parisienne dégustait du champagne sous les fresques de l’Opéra Garnier pour les « Oscars de la mode », une femme fit son apparition. Elle portait une robe de soie ivoire signée Madeleine Vionnet sortie d’un grenier, probablement d’un immeuble de St-Germain. Mais, ce qui attira l’attention, ce fut le sillage qu’elle laissa par son parfum. Une fragrance douce et pourtant puissante, qui semblait réveiller des souvenirs enfouis de ceux qu’elle croisait. « L’Ombre d’Or… » murmura un vieil aristocrate, les yeux écarquillés.

Intrigué, je décidai de percer ce mystère. Un jour, je retrouvai cette aristocrate russe, la comtesse Ignatieff à une vente privée chez Christie’s et je l’abordai :

— Vous portez un parfum, chère madame qui n’existe plus… Comment est-ce possible ?

Elle sourit, mystérieusement, chercha dans son sac et me tendit un petit flacon ancien, en cristal de Baccarat, scellé d’un fil d’or.

— Il a dormi pendant cent ans dans un coffre oublié… Mais, il est temps qu’il revive.

vendredi 25 avril 2025

PARFUMS DE LUXE A PRIX LIDL

Parfums Knock-Off ou l’Art hautement subversif de sentir le luxe… à prix LIDL. Voici donc ces élixirs en flacons de cristallin, vendus au prix du caviar, censés nous transformer en divinités olfactives. Sauf qu’à 180 € les 50 ml, le seul effet garanti, c’est un trou dans le portefeuille plus profond que le fondement de Michou. Mais heureusement, dans cette ère où même sentir semble vouloir être facturé, une résistance s’organise. Bienvenue dans le monde des Knock-Off, ces rebelles de la molécule, ces pirates du pif, ces champions du « presque pareil ».

Vous croyez encore que les parfumeurs passent des années à accorder leurs jus comme des symphonies sensorielles ? Réveillez-vous. Il suffit d’un coup de bistouri chimique et de chromatographie, et voilà notre parfum-bis, légalement distinct, prêt à conquérir les narines naïves du grand public. Le tout pour 44,99 €, flacon compris, si vous acceptez qu’il ressemble à un croisement entre une bouteille de sirop et un déodorant de camionneur.

jeudi 24 avril 2025

L’ARME FATALE CONTRE LES BIMBOS

Pâles simulacres de l’élégance, vitrines criardes de la fast fashion dégoulinantes de polyester et d’idiotie, elles paradent entre deux rayons “ en promo ” avec la grâce d’un cul d’éléphant sous Exomil. Égéries d’un monde qui confond TikTok avec Platon, elles brandissent un rouge à lèvres comme une arme de féminisation massive de la pensée rare. Elles peuvent, tout au plus, espérer qu’un jour un curieux ou un raffiné logera ces folles dans un volume en Vogue.

Car elles vénèrent la vacuité, ainsi que le contouring, et font de l’inculture un dogme. Dans votre grande messe de la futilité, vous déclarez d’un air convaincu, le cerveau en RTT : “Rimbaud ? Le meilleur rôle de Sylvester Stallone !” Magie de la réalité augmentée dans ce monde dans lequel une simple d’esprit voit sa chance de terminer idiote multipliée par trois.

Mais, que savons-nous ? Nous, tristes lecteurs, ridés par la beauté d’un vers ? Vous, qui détenez une vérité en solde, flashy, qui sent le monoï synthétique et la désinformation à 12,99 € chez Zara.

mercredi 23 avril 2025

LE CHEVREAU BOUFFE LE GROS CHEVAL BLANC

Tremblement de terre sur l’avenue Montaigne, Hermès, le petit artisan sellier, qui murmure à l’oreille des chevaux de margis, a coiffé au poteau le titan LVMH. Voici donc le carré de soie qui vient s’enrouler discrètement autour du cou du géant avec le nœud acéré de la capitalisation boursière. Une histoire d’argent, certes, mais surtout de goût, d’élégance… et de réalité financière légèrement « Courbet ».

Pendant que certains diversifiaient à outrance, empilaient les marques comme des perles sur un bracelet de gala en toc ou en tic, c’est selon… Hermès continuait la vision de Jean-Louis Dumas, lentement et précieusement. Et durant que les banquiers faisaient sauter les bouchons de Dom Pérignon sur des tableaux Excel au Châtelet, les artisans d’Hermès choisissaient le cuir, la bonne couture, ainsi que la distance avec le bling-bling. Résultat ! +11,3 % de croissance des ventes, un amour fidèle des clients japonais, de la jet-set brésilienne et une capitalisation boursière de 248,6 milliards d’euros. Tout cela en vendant essentiellement… du silence, de la lenteur, du savoir-faire, du cuir qui sent bon.