jeudi 4 décembre 2025

A GURU-PREACHER OF THE VOID

Williams offers us yet another celestial illumination, dressed in Adidas and aphorisms. That evening, under the New York spotlights, he didn’t just accept an award: he delivered a revelation. A sneaker-clad homily. The “shoe of the year” is a nice touch, but above all, it brought us the “quote of the decade.”

One must acknowledge the man’s true talent: elevating banality to the rank of profundity. “God is great”; “I’m from Virginia”; “I got my first pair of sneakers at sixteen.” So many cymbal crashes announcing… nothing. But since it’s delivered with gravity, the audience applauds, convinced they are witnessing the birth of a prophet of the pavement transfigured into a messiah of marketing.

One might have hoped for a bit of substance behind the staging, a thread of thought behind the slogans. But no: Pharrell mostly preaches for his brand and for his legend. He doesn’t recount hardship; he puts it on display. The story of the poor kid turned icon serves less to enlighten than to sell a shoe, as if transcendence lay in a well-designed sole.

mercredi 3 décembre 2025

LE LUXE EN QUÊTE D’ÉTERNITÉ

D’après une étude récente, le groupe du Seigneur s’élève, tel un astre souverain, au sommet de la constellation du luxe cherchant à enlacer le monde de l’art. Dans son sillage, Kering s’avance avec gravité, suivi par Chanel, silhouette élégante dans cette danse silencieuse des géants du luxe Français.

Des cathédrales de pierre que l’on restaure, aux sanctuaires que sont les musées, des alliances tissées avec des artistes visionnaires ou des architectes bâtisseurs d’horizons, le groupe du seigneur orchestre un dialogue subtil entre création et pouvoir, encouragé par une fiscalité qui semble souffler dans ses voiles.

Mais, accomplir une telle quête dans un monde qui se fissure demande une adresse rare. D’où l’impérieuse nécessité d’investir des territoires dans lesquels les frontières se gomment : les arts, éclats d’éternité, et le sport, pulsation universelle.

Dans cette arène fragile, les grandes maisons sont les mieux armées pour transformer ces alliances en forces nouvelles : elles portent en elles le poids des héritages des pays qui les accueillent, la puissance des fortunes et l’art consommé sert à amplifier leur légende.

mardi 2 décembre 2025

CONFESSIONS IMPROBABLES D’UN SNOB FASHION

Si un jour, j’avais eu l’idée totalement folle, pour ne pas dire suicidaire, de travailler dans la mode, j’aurais commencé par me fabriquer un nom. Pas un nom banal, non : un nom avec un « DE », façon aristocratie consanguine. Un truc du genre « De Machin chose », dont le grand-père, évidemment, aurait été ambassadeur au Mexique, parce qu’il faut bien un ancêtre exotique pour crédibiliser son snobisme.

Ensuite, j’aurais inventé un arrière-grand-père d’Espagne sous la grande Cordoue, haut fonctionnaire pour le « Faucon des Quraych, « les cultivés comprendront ». De toute manière, dans la mode, plus c’est invraisemblable, plus cela passe.

Rebaptisé « Louis Perez de Mouclieros », j’aurais lancé mon propre storytelling. Issu d’une grande famille, poussé par des parents (imaginaires) à entrer à Polytechnique, j’aurais ainsi acquis ce précieux bagage totalement décoratif qui ouvre toutes les portes des grandes maisons, généraliste sur tout et spécialiste en rien.

Une fois dedans, la stratégie est simple :
— acquiescer mollement de la tête à tout ce qui se dit ;
— répéter « j’adore » à intervalles réguliers, même pour un truc objectivement hideux ;
— Et surtout, adopter la position dite du « quatre-pattes corporatif », un classique du milieu, garant d’une ascension fulgurante pour qui sait renoncer à sa dignité avec élégance.

lundi 1 décembre 2025

BABYLONE HÉRITAGE DE NABUCHODONOSOR

Babylone, mère des cités et berceau de l’imaginaire, le roi Nabuchodonosor y inventa le code d’Hammurabi, la tour de Babel, la porte d’Ishtar… Autant de noms qui résonnent comme des mythes fondateurs. À eux seuls, ils dressent les contours de l’univers babylonien, cet âge d’or du Proche-Orient ancien où science, architecture, spiritualité et pouvoir s’entremêlaient pour façonner l’une des plus influentes civilisations de l’humanité. B comme Babylone, ville emblématique, cité-monde avant l’heure, dont la renommée survit alors même que les traces matérielles se sont presque entièrement dissoutes dans la poussière du désert.

Une cité colossale et pourtant fantôme, car Babylone s’étendait sur près de 500 hectares, protégée par un système défensif monumental : une triple enceinte de doubles murailles, prouesse technique inégalée pour l’époque. Au cœur de la ville s’élevait la ziggourat Etemenanki, la fameuse tour de Babel, structure sacrée haute d’environ 90 mètres. Illuminée par le soleil mésopotamien, elle dominait majestueusement la plaine, visible à des kilomètres à la ronde.

vendredi 28 novembre 2025

ARISTOCRATE DU LUXE

Parler de ces Aristocrates du luxe et de leur plaisir de consommer la soumission, pas celle que vous trouverez sous la gorge profonde que certaines demi-mondaines certifiées ISO-9001 arborent, mais aussi les autres qui rentrent dans le bureau du seigneur la peur au ventre.

Un jour de printemps, une impertinente s’était introduite avenue Montaigne dans le bureau du Seigneur par une petite fente laissée là par inadvertance. Mais, quand l’aristocrate sentit le vrombissement sur son cou, il éprouva un souvenir ancien, celui du couperet de la guillotine d’antan. Ainsi, il fit convoquer tous ses cadres et directeurs de service en leur vociférant, « munissez-vous d’un journal grand Dieu et montez dans mon bureau ! » Chacun arriva donc avec des « Vogues », « Bazaars » et « Echos de la mouche » afin de chasser l’intruse qui était venue perturber sa méditation.

Tous les plus hauts cadres étaient là, et la rebelle virevoltait dans tout l’espace immense dont les fenêtres donnaient sur le plus beau fleuron du maître des lieux qu’il « Adior ». Ainsi, une danse macabre de lourdauds commença. Le diptère naviguait entre les sculptures de Giacometti, les Picasso, et finalement, le Manet fut sa dernière demeure. Quelle fin !

jeudi 27 novembre 2025

IA, CE QUE TOUT LE MONDE VOIT ET QUE PERSONNE NE MESURE

Depuis quelques années, la Mode vit une transformation qui ne ressemble à aucune autre. Une révolution presque silencieuse, qui avance masquée sous les paillettes du marketing digital. Car pendant que l’on discute d’IA générative et de campagnes ultra-personnalisées, les vraies mutations sont ailleurs: dans les processus, dans les organisations, dans les habitudes des acheteurs et dans le pouvoir que ces outils redessinent. La vision de Canal-luxe et de ses dirigeant met en lumière ces évidences dont personne ne mesure encore l’enjeu, celles qui feront, demain, la différence entre les marques qui survivent et celles qui disparaissent.

On parle beaucoup de visuels générés par IA, de descriptions automatiques et de vidéos « magiques ». Oui, cela existe. Oui, cela impressionne. Mais l’enjeu profond est ailleurs : Jusqu’ici, raconter une histoire de marque reposait sur un narrateur : un styliste, un photographe, un directeur artistique.

Désormais :

l’IA analyse les comportements d’achat, détecte les micro-tendances avant même qu’elles n’émergent, construit des narrations sur mesure, et adapte en temps réel l’histoire d’un produit selon la personne qui le regarde.

Ce n’est plus du storytelling, c’est du storyshifting : une histoire fluide, changeante, algorithmique.

mercredi 26 novembre 2025

LA CRÉATRICE QUI HABILLE LE TEMPS

Dgena Mouclier appartient à cette rare lignée de créateurs qui ne se contentent pas d’habiller le corps : elle habille le temps. Sa dernière collection repose sur un principe audacieux, celui du vêtement, conçu pour évoluer, muter, raconter une histoire à mesure que les mois s’écoulent. Chez elle, rien n’est figé : les fils se délient, les trames se modifient, et ce qui semblait terminé, n’était en réalité qu’un commencement.

Exploratrice textile, Dgena imagine des silhouettes vivantes, instables, presque organiques. Chaque vêtement est un cycle, une métamorphose programmée où l’éphémère n’est plus une limite, mais une promesse. Le geste créatif devient alors un pacte poétique entre la matière et le temps : accepter que tout change, que tout se réinvente, et que la beauté puisse résider aussi dans ce qui se défait.

Son approche, à la fois conceptuelle et sensible, fait d’elle une créatrice qui bouscule les codes du luxe et de la mode. En redonnant au vêtement sa dimension narrative, elle offre à chacun la possibilité d’être témoin d’une naissance, celle d’une pièce qui se révèle lentement, couche après couche, jusqu’à devenir autre.

FM


mardi 25 novembre 2025

KENZO TAGADA A MA MÈRE

Nous touchions enfin la terre d’Osaka, vaste ruche de métal et de vent, escortés d’une cohorte de journalistes et d’une légion de mannequins venus d’Amérique et de France. L’aéroport tout entier bruissait comme un océan soulevé par le tumulte des courants qui lèchent les côtes du Japon : la Haute Couture parisienne, débarquant en un cortège éclatant, et éveillait dans la foule un tumulte qui rendait les services de sécurité fébriles et presque farouches.

Quand soudain, dans ce fracas de voix et de lumières, surgit une silhouette improbable : une vieille femme Japonaise vêtue du kimono ancestral, avançant avec la lenteur sacrée de deux mille ans d’histoire. On eût dit une apparition, un souffle surgissant d’un film de Kurosawa, une parenthèse de poésie glissée au milieu du vacarme des hommes.

Le temps, un instant, suspendit son battement. Puis, il reprit, pesant, les agents de sécurité, découvrant qu’elle n’appartenait à nul protocole, se ruèrent et l’arrêtèrent à deux pas de mon père. Elle criait, dans une langue qui vibrait comme un chant antique, des mots dont il ne saisissait pas le sens.

« Que dit-elle ? » demanda Jacques Mouclier à sa traductrice.
« Elle vous remercie pour son fils, Monsieur Mouclier. »

vendredi 21 novembre 2025

FAKE DREAMS REAL LIKES THE WIRKIN PARADOX

Do you remember Walmart’s “Birkin,” affectionately nicknamed the Wirkin, born as an unintentional tribute to American creativity and a certain impatience with Hermès’ legendary waiting lists? Well, guess what: it’s back shinier than ever ready to parade alongside chrome pickup trucks and XXL burgers.

The Wirkin is basically the ultimate symbol of the American paradox in pure “Trumps-style”: They don’t like the Chinese… but oh boy, do they love Chinese counterfeits! A real patriotic-pragmatic dilemma: support local industry, or grab a $89.99 fake Birkin that looks legit from three meters away? The choice is obvious especially when you want to impress the in-laws at the Sunday barbecue.

On social media, the Wirkin has become a superstar. Videos are everywhere:
“Real or Fake?” people ask, as if this were a reality TV show sponsored by mainland China. Influencers even test the bags by banging them against SUVs, as if shock resistance were the first criterion of luxury. Bethenny Frankel turned herself into the official referee of real vs. fake, collecting hundreds of thousands of likes along with a few cold sweats among Hermès’ legal team.

And let’s be honest: the fake has its charms.
A real Birkin costs between $20,000 and $35,000… the equivalent of three months’ worth of pickup truck gas, or one VIP seat at a political rally. So why resist? Especially when the vegan leather perfectly imitates the grain of the real thing, and that shiny little lock an unapologetic copy of the iconic charm sparkles almost as brightly as a post-whitening smile.

jeudi 20 novembre 2025

TALONS AIGUILLES ET VERNIS KITSCH

Derrière son vernis kitsch assumé, ses néons criards et son style rutilant comme une vitrine de Midtown un vendredi soir, la dernière production de Ryan Murphy, portée ou avalée par la Kim Kardashiante, ne raconte au fond qu’une seule chose : la guerre acharnée que se livrent des femmes prêtes à endosser n’importe quel métier, du plus prestigieux au plus improbable, pour ne plus jamais retomber dans l’abîme gris de l’anonymat. C’est la Working Girl, des bas fonds de la rue St-Denis, et un ersatz du film de Mike Nichols, sorti en 1988, avec Melanie Griffith, Sigourney Weaverde où chacune rêve moins de réussir que de ne jamais disparaître.

Avec son trio d’avocates carnivores, incarnées par un casting démesuré, Murphy propulse sa série au centre des conversations comme un shoot d’ambition pure. C’était sur Disney+ le 4 novembre dernier, un pseudo-ode au pouvoir féminin ressemblant à un manuel de survie en territoire patriarcal. On ne s’élève pas, on grimpe aux rideaux en talons « Louboucatin » de douze centimètres, on dévore, on ronge, on s’arrache chaque centimètre carré de visibilité comme s’il s’agissait d’oxygène.

Dans les couloirs aseptisés des cabinets et sur les bancs glacés des tribunaux, Allura Grant (Kim Kardashian), Dina Standish (Glenn Close) et Liberty Ronson (Naomi Watts) se battent moins contre des divorces que contre l’invisibilité qui menace toute femme dépassant la quarantaine. Leurs dossiers deviennent des accessoires, leurs clients des prétextes. Ce qu’elles plaident vraiment, c’est leur droit à rester sur le devant de la scène. À rester désirées. À rester nommées.

mercredi 19 novembre 2025

François Mouclier, le stratège discret qui murmure à l’oreille du luxe

Figure singulière de l’industrie de la mode et du luxe, François Mouclier occupe une place à part : à la fois héritier d’un savoir-faire historique, visionnaire digital précoce et observateur incisif d’un secteur dont il maîtrise toutes les mécaniques. Discret dans un milieu qui ne l’est jamais, il avance pourtant comme l’un des analystes les plus affûtés du luxe contemporain.

Des débuts entre industrie et innovation

Fils de Jacques Mouclier, personnalité marquante de la couture française, François Mouclier hérite tôt d’une culture du beau, du style, de l’exigence. Mais plutôt que de se laisser porter par la tradition familiale, il s’en empare avec une volonté d’innovation rare.

À la fin des années 1980, alors que la plupart des maisons ignorent encore l’existence du Web, il rédige un mémo visionnaire, Business Internet Dreams (1990), anticipant l’impact des technologies digitales sur les entreprises. Deux ans plus tard, il rejoint l’Université Columbia, où il développe des solutions extranet en langage ASP, un précurseur dans le domaine.

Cette double culture technique et esthétique marquera toute sa carrière.

L’industrie du luxe comme terrain de jeu

Avant de créer son espace médiatique, François Mouclier déploie son expertise au cœur même des grandes maisons. Il occupe notamment les fonctions de :

  • directeur commercial chez Sicofor-Packaging Solutions

  • vice-président chez Pochet & du Courval, l’un des leaders mondiaux du flaconnage de parfums

Il y consolide une connaissance intime du packaging, de la supply-chain du luxe, du design industriel et des stratégies de marque. Sur LinkedIn, il se présente aujourd’hui comme « retraité » du Groupe Pochet, mais son influence sur le secteur ne s’est jamais réellement interrompue.

Canal Luxe, la plume libre

vendredi 14 novembre 2025

HERMES S’OFFRE LANIFICIO COLOMBO

Hermès vient d’étendre sa main vers l’Italie, vers ces collines dans lesquelles la laine se tisse comme un poème. Là-bas, depuis les années soixante, se dresse Lanificio Colombo, maison d’humains, patients gardiens du fil, du souffle, des artisans du cachemire rare et des fibres qui caressent l’air. C’est un sanctuaire du geste, un autel qui dresse à la perfection.

Et voici qu’Hermès s’en approche. Pourquoi ? Pour régner, non pas sur la mode éphémère, mais sur l’ordre secret de la matière. Hermès veut connaître chaque battement du métier à tisser, chaque souffle de la chèvre des montagnes, chaque frémissement du fil qui devient étoffe. Du vivant à l’ouvrage, du fil à l’œuvre, la maison veut tenir le monde du luxe dans la paume de sa main, sans en trahir la noblesse. Et ainsi, voilà le loup de Cachemire privé de sa mantelure.

Tandis que d’autres s’égarent dans la clameur du moment, Hermès bâtit dans le silence. Pierre par pierre, atelier après atelier, la maison se dresse non pas comme un château du luxe, mais comme un fort de granit, semblable à ceux que la Bretagne oppose depuis des siècles aux vents et aux vagues.

Car Hermès le sait : dans ce siècle qui court, où tout s’efface avant d’avoir existé, le vrai luxe est celui qui dure. Et peut-être, dans ce lent travail, dans cette obstination du beau, se cache la plus belle des révolutions : celle du temps retrouvé. Année après année, la marque a une conviction profonde : dans un monde obsédé par l’instantanéité, le véritable futur du luxe appartiendra à ceux qui prennent leur temps.

FM

jeudi 13 novembre 2025

ANTONIN S’ASSOIT SUR LE TRON DE BALMAIN

Un designer de 41 ans, formé à l’Académie Royale des beaux-arts d’Anvers (oui, encore un qui a fait ses études en Belgique, c’est devenu un sport national), Ensuite il à fait ses gammes avec Raf « Simonstre », une vrai référence ! J’epère qu’il n’a pas trop appris, puis il navigue chez le seigneur, et pour finir « Gi vent chie », aux côtés de Riccardo Tisci, « Le grand utilisateur de motivation en sachet ». En France, on adore former des talents à grands coups de subventions, surtout les étrangers. Les Français eux, émigrent à l’étranger pour aller s’encanailler dans les boîtes de nuit d’Anvers. C’est notre version de la start-up nation, mais avec du drapé d’annus horribilis.

Après un passage chez Balenciaga entre 2012 et 2016, autrement dit, à l’époque où les sneakers devenaient des objets de musée, Antonin lance sa propre marque, Atlein. Un nom inspiré de l’océan Atlantique et des drapés de Madame Grès, parce que monsieur surfe sur la vague ; certains designers font du yoga, d’autres méditent à Bali. Quant à lui, il drape comme il surfe avec grâce, précision et un peu de sable entre les orteils, mais avec son prénom « Antonius » dont l’origine exacte suggère probablement une alliance avec le dauphin. Cela a du sens, « bref le mec, il sait nager. »

Seulement finaliste du prix LVMH en 2017, grand gagnant de « l’A dent » « Couronne en strass pour un trône de tendances », Antonin a prouvé qu’il savait transformer la mode en discipline aquatique, toujours fluide, jamais statique, sorte de Jacques mu muse du riches.

lundi 10 novembre 2025

JE VOULAIS VIVRE UN ROMAN MORT

Décidément, la littérature française adore ses fantômes, surtout lorsqu’ils rapportent. Après Dumas, ressuscité par le marketing politique d’un Sarkozy ému, voici qu’Adélaïde de Clermont-Tonnerre s’arroge le privilège d’exhumer Milady de Winter pour la rhabiller à la mode contemporaine. Mais, quelle lourdeur, quel contresens ! Je voulais vivre s’annonce comme une relecture audacieuse, une réhabilitation du personnage, et n’accouche finalement que d’un pastiche empesé, d’un roman corseté dans une ambition de grandeur qu’elle ne maîtrisera jamais, « Comme un crapaud qui voudrait être une vipère ».

À force de vouloir rivaliser avec Dumas, Clermont-Tonnerre s’égare dans une prose qui se voudrait flamboyante, mais n’est que pesante. Chaque phrase semble lestée de références, chaque page alourdie d’un vernis « littéraire » qui sonne creux. On sent l’effort, on entend presque le froissement des soieries d’époque, mais sans l’élan, sans le panache, sans cette vitalité romanesque que Dumas dispensait avec naturel.

Et que dire de Milady ? Cette figure, machiavélique, ambivalente, fascinante chez Dumas, devient ici une héroïne de papier glacé, une sorte d’icône féministe réchauffée à la sauce Nabilla Vergara, une mondaine, vidée de son mystère et de sa dangerosité. La journaliste croyait sans doute offrir à Milady une seconde vie, elle lui offre une caricature et un miroir sans âme.

jeudi 6 novembre 2025

OLIVIER ROUSTEING QUITTE BALMAIN

Voici l’homme couture, le plus démuni de la Fashion Week et le plus pathétique avec seulement un mois d’étude à Esmod. Il est un lexicographe amateur à lui seul, pour une couture sortie d’un crachat glaireux effectuant lentement sa descente morbide vers le sol et qui vous répond : « je suis le trou noir dans l’univers ». Martelant de son aiguille le bon sens, il est aux antipodes de la tendance d’aujourd’hui.

Il quitte Balmain après quatorze ans de règne sans trône, quatorze ans de paillettes, de selfies et de vestes à épaulettes dorées. Olivier Rousteing, l’homme qui transforma une maison de couture en franchise Instagram et TikTok, tire sa révérence. Cette âme douloureuse qui pense que tous les malheureux du monde lui sont promis ; enfant seul d’abord, puis brûlé ensuite, après le vol de sa collection qui elle ne volera pas si haut. Et quand, il est seul avec lui-même, devant sa page blanche, il se regarde en se frappant le front pour attirer la genèse de la création, mais rien ne venait.

Maintenant la mode soupire, non pas d’émotion, mais d’incrédulité : comment un créateur qui ne savait pas coudre a-t-il pu diriger un atelier aussi prestigieux ? Balmain, autrefois synonyme de coupes parfaites et de tailleurs architecturés, était devenu un temple du « plat moue numérique », où l’aiguille se remplaçait par un filtre.

mercredi 15 octobre 2025

GABY ET PHILIPPE ÉLÉGANCE ET INTELLIGENCE EN HÉRITAGE

Elle s’appelait Gabriella Hanoka, mais le monde de la mode la connaîtra sous le nom de Gaby Aghion. Née à Alexandrie, un matin de mars 1921, dans la lumière dorée de l’Égypte cosmopolite, elle portait déjà en elle se mélange de grâce orientale et d’audace française qui allait révolutionner la couture.

En 1952, dans un Paris encore marqué par l’austérité d’après-guerre, Gaby fonde une maison qui deviendra légendaire : Chloé le prénom d’une amie, Chloé Huisman, symbole de jeunesse et de liberté. Elle n’invente pas simplement une marque : elle invente un concept, celui du prêt-à-porter de luxe, une idée visionnaire à une époque où la mode ne jurait que par la haute couture.

Avec six modèles dessinés de sa main, confiés à une couturière de talent, Gaby parcourt les boutiques parisiennes, frappant aux portes avec la détermination tranquille de celles qui savent qu’elles portent en elles une révolution. Bientôt, les élégantes de Saint-Germain et les femmes libres de Montparnasse se reconnaissent dans ses créations : souples, féminines, modernes. Ses relations dans la haute société parisienne font le reste ; le nom de Chloé s’installe doucement dans le firmament de la mode et plupart, elle découvrit Karl Lagerfeld.

vendredi 10 octobre 2025

LIKE ME TENDER OU HASHTAG MOI

Elle s’appelait Séréna-Lou, un prénom à deux tirets, comme deux jambes sur un podium. Ce matin-là, elle était épuisée. Pas à cause d’un défilé, me dit-elle, non à cause de son selfie-stick qui s’était effondré sous le poids de son ego (et du dernier filtre Dior Light 3000).

Assise à côté de moi, à la collection de Valentino, elle arriva avec son café cappuccino, qui coûte le prix d’un sac Zara édition limitée, qu’elle sirotait, et me dit, en montrant le gobelet, un matcha sans matcha (concept expérimental du moment). Elle attendait que quelqu’un la reconnaisse, et comme toute bonne poseuse, elle minaudait. J’ai toujours aimé qu’une cruche soit bonne aussi qu’une bonne soit cruche.

Autour d’elle, tout le monde prétendait travailler sur un “projet artistique” : en réalité, personne n’avait ouvert son portable, car seule la lumière des écrans leur servaient à réfléchir la lumière de leurs nouveaux bijoux prêtés par les marques.

Séréna-Lou portait un trench transparent (parce que “la pudeur, c’est has been”) et des lunettes si grandes qu’on aurait cru qu’elle fuyait Interpol. Son téléphone vibra comme un vieux gode « Michel. »
— “Babe, t’es-où ? Elle répondit avec nonchalance : “Je médite sur ma visibilité.” Puis, elle fit un réel de quinze secondes : une gorgée de faux matcha, un regard pensif vers une cagole inconnue : son post fit 12 000 likes en 10 minutes. Elle soupira et me dit : “C’est fou comme les gens adorent la profondeur.”

jeudi 25 septembre 2025

ŒUF-ORIE A MILAN MARTENS COQUE EN STOCK

Glenn Martens n’a pas pondu une idée banale. Pour présenter la collection printemps 2026 de Diesel à Milan, il a choisi une scénographie à la fois transparente et déconcertante : des mannequins enfermés dans des coques ovoïdes, comme des poussins fashion en attente d’éclosion. Mais ça, ce n’était que l’entrée de l’omelette.

Car, plus tard dans la journée, Martens a brisé la coquille et libéré le vrai spectacle : une gigantesque chasse aux œufs dans tout Milan. Des looks de Diesel nichés un peu partout, des jardins aux théâtres, des piazzas aux salles de bingo. Résultat : près de 5 000 modeux prêts à battre la campagne « en blancs en neige » pour retrouver les 34 œufs dispersés en ville.

Un jeu grandeur nature de trois heures et demie, où la mode devenait sport de haut vol, et où les poules ont couru comme des fashionistas affolées. Certains ont même trouvé l’expérience « œuf-topique », d’autres y ont vu une stratégie de communication œuf-ficace. Quoi qu’il en soit, Glenn Martens a prouvé qu’en matière d’événement, il sait toujours mettre les petits plats dans les grands… et les petits œufs dans la ville.

FM

vendredi 12 septembre 2025

LA FRONTANEL OU L’ILLUSION D’UN PRINTEMPS EN TOC

On nous vend l’idée que « La Frontanel », icône fatiguée qu’on exhume comme une relique sortie du grenier, et qui viendrait sauver le « Printemps » de la mode. Quelle imposture ! Ce serait risible si ce n’était pas si pathétique. Car enfin, depuis quand une silhouette jaunie par le temps, propulsée en oratrice d’une génération qui ne l’écoute même pas, suffirait-elle à redresser un secteur en naufrage ? Une égérie, dont la plume est plus lourde qu’une enclume pour une opération de communication grossière, est finalement une fable dans laquelle on confond mémoire et pertinence.

Le réalisme économique ? Aux abonnés absents. Le marché s’effondre, les consommateurs changent, la planète hurle, mais les gens du « retail » s’entêtent à nous présenter comme solution la statue d’une anonyme qui n’a jamais été une gloire. C’est comme ces bons Samaritains du Châtelet, ils se raccrochent à ces vestiges comme un noyé à sa bouée crevée, persuadés que la nostalgie suffira à masquer leur vide créatif et leur incapacité à se réinventer.

mercredi 10 septembre 2025

L’US OPEN TRANSFORMÉ EN DECHARGE A BIMBOS BOTOXÉES

L’US Open ! Ce tournoi, censé être l’apogée du sport, l’incarnation du mérite, de la sueur, de l’abnégation, de ces heures de solitude sur le court et d’entraînements, de cette discipline impitoyable qui fait d’un athlète un champion. Et que nous vend-on à longueur de colonnes glacées et de posts Instagram sponsorisés ? Certainement pas l’exploit sportif, mais le défilé pathétique d’une « cour de mirages » : vedettes botoxées, bimbos de supermarché, clones siliconés et influenceurs interchangeables dont la seule contribution à l’humanité est un sourire de plastique et un code promo sur une paire de baskets fabriquée à la chaîne par des enfants.

Le contraste est obscène. D’un côté, des joueurs qui transforment leur corps en instrument de précision, qui paient chaque victoire au prix du sang et des larmes. De l’autre, une galerie de figurants désœuvrés, sans pensée, sans valeur, qui font de leur nombril une idole de la chirurgie esthétique, leur seule ascèse. Le sport est détourné de son essence pour devenir le décor d’une publicité ambulante pour le vide, un podium offert à ces nouveaux aristocrates du néant. Ils ne produisent rien, ne créent rien, n’inspirent rien, sinon une fatigue abyssale face à l’avilissement du spectacle sportif.