mercredi 28 octobre 2020

LE CARREAU DU TEMPLET

Si vous pensez que les friperies de la rue de La Verrerie à la rue du Temple sont là par hasard, vous vous trompiez ! En 1806, le jeune et fringant Général Pierre Dorcenne s’apprête à partir pour la campagne de Prusse, et la guerre, à cette époque, c’est aussi l’élégance car l’élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais. Aussi Le Général commande à son tailleur un bel uniforme blanc tout neuf qui est emballé soigneusement car bien décidé à l’étrenner sur le champ de bataille.

La veille de son départ, il va se distraire au théâtre de La Gaieté sur le boulevard du Temple où on donne un mélodrame. Soudain, au second acte, l’acteur principal entra sur scène avec un resplendissant habit blanc de Général… Dorcenne ajuste ses jumelles et observe les détails. Mais, oui ! c’est bien son propre uniforme qu’il venait de faire réaliser. À la fin de la représentation, le Général fait arrêter l’acteur. Celui-ci se défend avec véhémence et explique qu’il a acheté l’uniforme au Temple. En effet, le Valet de chambre du Général, avant d’être congédié, pour cause de guerre, avait vendu aux fripes le costume tout neuf de son patron avant que celui-ci s’en aille guerroyer.

Belle époque où des cris retentissaient dans tous les quartiers de Paname. On les appelait les colporteurs ; ils montaient dans les étages et ils vous proposaient de racheter vos vêtements usagés pour quelques sous. Ainsi défroques, redingotes, vestons, chapeaux melon, et feutres fatigués, même des chasubles de prêtres défroqués ou des escarpins de bal étaient bons.

Le marchand d’habits enfournait ses acquisitions dans sa hotte déjà très chargée. Et puis, chaque matin, à 11 heure, il se rendait rue du Temple pour revendre ses trouvailles au Carreau. Il n’y a jamais de « Hazard » disait Harper’s.

Anonymode