Donald Judd, pape de la sculpture minimaliste, y a posé ses valises au début des années 70 avec l’aide d’une riche fondation new-yorkaise. L’artiste (antimilitariste) rachète une ancienne base militaire à la frontière de la ville, déployée sur 400 hectares au cœur de laquelle Judd installe ses œuvres : dans les grands baraquements, des boîtes d’aluminium géantes, le long de la route, des cubes de béton. Donald Judd ne s’arrête pas là, il installe, banque, supermarché, entrepôts, maisons, ranch, usines, et là on ne se demande plus où Karl avait pris l'idée du supermarché Chanel… l’Américain, pris d’une fièvre acheteuse, s’offre tout ou presque dans la ville de Marfa.
C’est dans ce drôle de contexte que Michael Elmgreen et Ingar Dragset, deux artistes scandinaves, choisissent en 2005 d’installer, au kilomètres 45 de Marfa, leur nouvelle œuvre d’art, mais, pas n’importe laquelle, une boutique Prada, similaire à n’importe quelle autre boutique Prada dans le monde. Mais, celle-ci est pour des raisons inconnues, à ce jour, vandalisée immédiatement après son inauguration en octobre 2005 ? La boutique, en effet, voit ses murs tagués et son contenu volatilisé : tous les sacs à main, ainsi qu’une quinzaine de paires de chaussures (que des pieds droits) sont volés, probablement des unijambistes ou des malfrats ( à Marfa !) en panne de bon goût ! Qu’il s’agisse d’un véritable cambriolage ou d’un gros coup de pub ne fait aucune différence pour le duo scandinave, qui repeint les murs, réintroduit 15 paires de souliers (seulement les pieds gauches cette fois) et pose une alarme. Le luxe qui prêche dans le désert, pourquoi pas !
Anonymode