Dans un geste rare, presque aussi rare qu’un rabais chez Louis Vuitton, le seigneur a décoché une flèche bien affûtée à son adversaire du jour : « Monsieur Le pas Clerc ferait bien de vendre plus de produits français et d’arrêter de pressurer les fournisseurs. »
Une belle sortie, noble, chevaleresque… sauf que dans les bureaux du groupe LVMH, on entend quelques toussotements gênés. Parce que chez Sephora, par exemple, on ne pressurise pas les fournisseurs ! Jamais… Enfin… À part du lundi au vendredi, et certains samedis aussi, c’est « Sauvage », non ?
Alors certes, dans ce duel d’influence et de bons sentiments, il est difficile de départager qui est le plus grand défenseur des petits fournisseurs. Seule une chose est sûre : les PME françaises viennent de découvrir qu’elles avaient deux nouveaux parrains du luxe. Et ça, c’est presque aussi étonnant qu’une promo sur un sac Dior. Ce fameux sac Dior vendu en boutique à 5 900 euros, et qui est fabriqué dans des ateliers obscurs en Italie dans des conditions de travail plus que douteuses pour seulement 57 euros.
De même que les costumes Kenzo et Givenchy fabriqués en Europe de l’Est, les sacs à main Céline en Chine, il est vrai que le seigneur n’aime pas la délocalisation ! Il a aussi des usines de montage au Texas. AH AH AH, ces bureaucrates que vous détestez, mais qui vous ont permis d’arriver à la tête du groupe Boussac en 1984. Bien sûr, l’argent que vous avez reçu avait pour contrepartie de ne pas licencier ! Deal que vous n’auriez jamais respecté.
Alors, soyons claire, 700 millions d’euros d’impôt en plus pour un an, ce n’est pas « une éternité seigneur » ! Cela ne concerne que les entreprises Françaises, qui pèsent plus d’un milliard d’euros. Depuis 2017, votre fortune personnelle a quadruplé, passant de 47 milliards à approximativement 200 milliards aujourd’hui. Avec plus de 200 filiales dans des paradis fiscaux, votre savoir-faire sur ce sujet est aussi bon que celui d’Hermès et son amour pour la société pour Ashburry Finances.
Je vais certainement monter une cagnotte qui s’appellera » Sauver le seigneur » afin que vous et votre famille puissiez aller sur votre île paradisiaque ou dans les parcs de Saint-Tropez passer de bonnes vacances. Partir vivre aux États-Unis ! Bien, allez-y, mais surtout, restez-y avec une étiquette de contexture « Made in USA « . Vous verrez, c’est beaucoup moins vendeur que « Made in Paris » ou France.
Je vous présente, Mon Seigneur, mon plus grand respectueux quatre pattes de la soumission. La pauvreté dans la liberté est, finalement, préférable à la soumission dans l’opulence d’un sac Vuitton.
FM
