À force de vouloir rivaliser avec Dumas, Clermont-Tonnerre s’égare dans une prose qui se voudrait flamboyante, mais n’est que pesante. Chaque phrase semble lestée de références, chaque page alourdie d’un vernis « littéraire » qui sonne creux. On sent l’effort, on entend presque le froissement des soieries d’époque, mais sans l’élan, sans le panache, sans cette vitalité romanesque que Dumas dispensait avec naturel.
Et que dire de Milady ? Cette figure, machiavélique, ambivalente, fascinante chez Dumas, devient ici une héroïne de papier glacé, une sorte d’icône féministe réchauffée à la sauce Nabilla Vergara, une mondaine, vidée de son mystère et de sa dangerosité. La journaliste croyait sans doute offrir à Milady une seconde vie, elle lui offre une caricature et un miroir sans âme.
On sort de ce roman comme d’un bal trop long : ébloui un instant par le clinquant, mais las du manque d’esprit. La modernité affichée n’est qu’un maquillage, et l’hommage à Dumas tourne à la contrefaçon. À vouloir donner du souffle à Milady, Clermont-Tonnerre l’étouffe sous le poids de sa propre ambition, car son point de vue et ses images du monde s’arrêtent au 16ᵉ arrondissement.
FM
