lundi 21 octobre 2019

LA SOLITUDE NID DES PENSÉES

Des amitiés qui ne sont que des zéros et des uns. L’addition de ces deux chiffres crée une solitude numérique, une invention purement humaine, mais pourtant diabolique. Une vie sur Instagram, totalement réinterprétée, pour montrer aux autres que l’on est pas désespérément seul dans ces grandes mégalopoles et que notre vie est un rêve. J’imagine Emma Bovary qui aurait aimé sans limite le site Tinder ou tout autre site de rencontres pour une « Fast Love » à n’en plus finir et dénuée de toute humanité.

Mais, quand les gens essaient d’avoir toujours plus d’amis sur Facebook, ou de relations, je cherche toujours plus à m’enfoncer dans cette solitude qui me rend de plus en plus heureux. La fréquentation de moi-même est un petit plaisir égoïste coruscant. M’éloigner de ces humains de contrefaçon imbéciles, qui, chaque jour, foulent le pavé des rues de Paname comme si un paradis s’ouvrait devant moi. Pour effacer ma peine, je marche la nuit, je ne sais pourquoi, je respire mieux que partout ailleurs, ma pensée s’élargit et j’ai, par moment, une lueur dans l’esprit qui me fait croire, pendant une seconde, que je vais découvrir le divin secret des choses. Puis, cette fenêtre se referme subitement en regardant une passante botoxée à outrance qui me regarde comme un bonbon qu’elle aimerait sucer.

Être comme un vendredi dans « les limbes du pathétique », mythe de la solitude qui, pour ma part, est toujours écrasé par le poids de toujours plus de monde. J’ai envie d’être Robinson Crusoé, simple d’esprit, car j’aurais l’illusion du bonheur. Et,  comme Gustave Flaubert, ce grand malheureux du monde, parce qu’il était un de ces grands lucides, écrivait : « Nous sommes tous dans un désert où personne ne comprend personne et quand nous voulons nous mêler, nos élans de l’un vers l’autre ne font que nous heurter l’un à l’autre. »

Instant sublime où mes yeux ne regardent rien dans un brouillard et l’arrêt total de mes méninges me transporte dans un autre monde, et pendant quelques minutes, j’ai l’impression de ne pas vivre dans cette société du Far-West.

Anonymode