vendredi 8 novembre 2019

DANS QUELLE MORT VUITTON ?

Il était le descendant direct du célèbre maroquinier du luxe. Patrick-Louis Vuitton, cinquième du nom depuis son ancêtre Louis, s’est éteint, mardi, à 68 ans (bien jeune pour mourir). Costume trois-pièces, moustache élégante, l’homme travaillait encore chez le célèbre malletier du groupe du Seigneur des Arnault. « Monsieur Patrick », comme on aimait à l’appeler dans la maison, avait grandi à Asnières-sur Seine, dans la demeure qui bordait les ateliers historiques créés en 1859.

Il avait rejoint la maison Vuitton en 1973 en tant qu’artisan menuisier. Il avait d’abord eu à faire ses preuves avant d’en gravir les échelons, pour reprendre les rênes de l’atelier d’Asnières, berceau de l’entreprise. « Le savoir-faire n’existe que s’il est transmis », avait coutume de déclarer l’arrière-arrière petit-fils du fondateur.

Cet entrepreneur, chasseur, grand fumeur de cigares, peintre à ses heures, avait participé à l’expansion industrielle de l’entreprise et dès 1977, Patrick-Louis Vuitton avait ouvert un second atelier à Saint-Donat dans la Drôme. En 1990, il s’était vu confier les commandes spéciales, le sur-mesure de la malle. La première commande fut destinée au transport du matériel hi-fi d’un des plus grands chefs d’orchestre japonais au monde.

Père de deux fils, plusieurs fois grand-père, cet artisan papy qui était armé d’un caractère jurassien bien trempé, fut durant près de quarante ans associé à l’évolution de Louis Vuitton dont il était l’ambassadeur. Le genre d’Ambassadeur qui n’existera plus car les hommes de qualité tendent à disparaître les uns derrière les autres pour être remplacés par des nains qui se soulagent au pied de l’Himalaya représentant cette montagne de savoir-vivre et de savoir-dire d’autrefois.

Anonymode