mercredi 6 novembre 2019

LA VOILE HYDRARGYRE

Dans la brise du matin, je regarde cette femme qui va disparaître à l’horizon, un sac sur son épaule qui porte cette charge que certaines femmes s’imposent. Navigante solitaire au gré du vent et dérivant dans la brume, déchirée par une plainte qui ranime parfois l’amertume, j’ai vu l’éclat d’un phare surgir d’un nuage épais, elle sortait d’une boutique dans Dinard pour un petit moment d’éternité.

Par hasard, accostée chez un artisan qui utilise les métiers d’art, là où l’abnégation fait loi, il y a une petite boutique, qui a, un je ne sais quoi, qui donne envie d’acheter, car la résilience, qui y règne provoque en vous l’ivresse d’un calice de gentillesse. Un sac de toile à bateau ou un trésor de bonheur en échange d’un monde ou d’une idée tellement simple que les marques de luxe, elles-mêmes, regrettent de ne pas l’avoir eue. Allez jusqu’au port où les caprices du temps et de la vie se moquent des tempêtes et de la pluie pour humer ce doux fruit de l’écume de la vague merveilleuse, et vous trouverez pour votre bien aimée un réceptacle pour entasser ses babioles de maquillage et de rouges à lèvres qui sont complètement inutiles mais véritablement indispensables.

Un oasis aimant du pays de la comtesse de Montfort, douce jusqu’à l’ivresse, et buvant jusqu’à la lie le calice de l’accueil. Sans hâte, nous allions rejoindre Paris, tout regonflé d’optimisme et de bonheur d’avoir trouvé l’amour et l’intelligence du travail bien fait. J’irai chez les Sorbier une fois à Paris pour me ressourcer un peu car ce sorcier de la mode visionnaire et poète me redonne à chaque fois l’enthousiasme de ce métier.

Anonymode