mardi 16 février 2021

KARL ET LA PORTE DE PANTIN

Il paraît que quand le grand Karl est arrivé à Paris, il voulait habiter la porte de Pantin ; idée somme toute saugrenue mais pas vraiment étonnante, car autrefois cette porte s’appelait la « Porte de l’Allemagne ». Elle ouvrait naturellement la route qui conduisait vers l’Est de la France. Mais, en 1914, quelques élus ont été émus de cette dénomination, et l’ont rebaptisée « Porte de Pantin » du nom du bourg sur lequel elle débouchait.

Pantin, un nom dont l’origine serait lié aux marais, qui entouraient le bourg. C’est une allusion aux marais pontins, proches de Rome. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, face à l’avancée des Alliés débarqués en Sicile à l’été 1943, les Allemands n’hésitèrent pas à saboter, durant l’automne les infrastructures hydrauliques afin de faire revenir la malaria, et de freiner la marche des troupes américaines vers Rome. Changer de nom ne provoque pas toujours l’oubli de l’histoire.

Naguère, en roulant sur le périphérique, on apercevait la masse sombre et tarabiscotée des grands Moulins de Pantin créés en 1884. De nouvelles constructions et des restructurations escamotent actuellement l’édifice dans une architecture repensée, pour ne pas dire autre chose. La farine a cessé d’être moulue ici en 2003 seulement, mais la vieille minoterie n’a pas encore entièrement disparu, réhabilitée d’une manière un peu agressive, provenant probablement d’un architecte type Raf Simonstre avec ses huit étages aujourd’hui occupés par des bureaux.

Certains d’ailleurs disent qu’on y sniffe encore souvent de la farine. Allez savoir pourquoi !

Anonymode